Se tourner vers des énergies renouvelables est, plus que jamais, une urgence environnementale. Parmi toutes ces nouvelles énergies vertes qui émergent, on parle notamment du biométhane.
Greenwatt fait le point pour vous sur la composition du biométhane, ses différentes utilisations et son évolution à venir.
Le biométhane, qu’est-ce que c’est ?
On parle aussi de gaz vert ou de bio gaz. Mais qu’est-ce que le biométhane concrètement ?
Définition biométhane
Il s’agit d’un gaz 100% renouvelable. Pour fabriquer du biométhane, il faut recourir au procédé de méthanisation, aussi appelé « fermentation anaérobie », puisque le processus a lieu dans un milieu sans oxygène.
Divers déchets, tels que des effluents d’élevage ou des déchets verts, sont stockés dans une grande cuve : le méthaniseur ou digesteur. Des bactéries bien spécifiques ont au préalable été introduites dans cette cuve ; de cette manière, les déchets fermentent et finissent, au bout de quelques semaines, par se transformer en deux éléments distincts :
- Le biogaz, qui contient essentiellement du méthane
- Le digestat, une sorte de compost résiduel
Pour faire un carburant au biométhane, il faut épurer le biogaz obtenu lors de la méthanisation.
Avantages biométhane
Le biométhane est une source d’énergie qui n’en a pas fini de faire parler d’elle ! Elle permet en effet de :
- Consommer une énergie renouvelable
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre
- Valoriser nos déchets
- Produire de l’engrais organique
- Créer de nouveaux emplois
La preuve qu’avec un peu d’astuce, on peut fabriquer de l’énergie de manière parfois très surprenante !
Cette méthode de gestion des déchets risque de se développer fortement dans les années à venir, notamment sous l’effet de l’article L541-21-1 du Code de l’environnement, qui prévoit qu’à l’horizon 2025 « tous les professionnels produisant ou détenant des déchets composés majoritairement de biodéchets » seront tenus « de mettre en place un tri à la source et une valorisation biologique ».
Source : legifrance.gouv
On remarque d’ailleurs que le procédé de méthanisation se développe également dans la sphère publique : de plus en plus de particuliers investissent dans leur propre unité de méthanisation domestique.
Utilisations biométhane
Le biométhane peut s’utiliser de bien des manières, par exemple pour :
- Produire de la chaleur, dans une chaudière
- Faire rouler toutes sortes de véhicules
- Être utilisé en remplacement du gaz de ville, pour alimenter une gazinière par exemple
Pour plus d’informations à propos du biométhane, lire notre dossier sur le fonctionnement du biogaz.
Les chiffres du biométhane en 2017, 2018 et 2019
Les énergies renouvelables ont de plus en plus d’importance en France et ont pris une ampleur considérable en l’espace d’une trentaine d’années. Bien entendu, beaucoup de chemin reste encore à parcourir.
Part des énergies renouvelables en 2018 en France
On remarque ainsi que le biogaz représentait en 2018 2,9 % des énergies renouvelables françaises, soit 0,2 % de plus que le solaire ! Un constat assez étonnant puisque les panneaux photovoltaïques semblent pourtant plus mis en avant dans les médias.
Source : ecologique-solidaire.gouv.fr
Injection du biométhane sur le réseau
Fin 2017, 44 sites injectaient du biométhane dans le réseau de gaz, tandis qu’ils étaient 76 en 2018 et 88 en mars 2019 : la filière biométhane connait donc une croissance extrêmement rapide, révélatrice d’un véritable besoin !
L’injection de biométhane dans le réseau n’est autorisée que depuis 2011 et connait chaque année un engouement de plus en plus important : 215 GWh en 2016, 406 GWh en 2017 et 714 GWh en 2018. La quantité de biométhane injectée dans le réseau a également augmenté de 76% au premier trimestre 2019 (252 GWh) par rapport au premier trimestre 2018 (143 GWh).
Source : statistiques.developpement-durable.gouv.fr
Cette évolution positive s’explique en partie grâce à deux mesures adoptées en 2017 : la réduction du prix du raccordement au réseau de distribution et l’ouverture des stockages souterrains au biométhane.
Quel avenir pour le biométhane ?
D’après une étude ADEME-GRDF, chaque kWh de gaz vert produit, injecté et consommé permettrait de réduire de 188 g de CO2 les émissions de gaz à effet de serre, en comparaison du gaz naturel.
L’étude estime qu’à l’horizon 2020, l’injection de biométhane représentera 4 TWh (environ 1 % de la consommation prévisionnelle de gaz), ce qui permettrait de diminuer de 750 000 tonnes la production de CO2 annuelle en France.
Notons cependant que cette étude date de 2015, et que de nombreux objectifs ont dû être revus à la baisse depuis.
Part de gaz renouvelable sur la consommation totale de gaz
D’après l’article L. 100-4 de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la France a pour objectifs de « porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et à 32 % de cette consommation en 2030 ; à cette date, pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz ».
Source : legifrance.gouv
Or d’après cet article du Figaro, le biométhane représenterait actuellement « moins de 1% de la consommation ». L’objectif aurait donc été de multiplier par 10, en une dizaine d’années, la part d’utilisation de gaz renouvelable en France.
Un objectif qui a finalement été revu à la baisse dans la programmation pluriannuelle de l’énergie de janvier 2019 d’après le Monde, et qui est désormais de 7 %. Un rapport de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) jugeait en effet que 10 % était un chiffre trop « ambitieux », qui aurait conduit à multiplier la production annuelle en biométhane « par un facteur 30 ».
En somme, d’ici 2030, la part de consommation de gaz renouvelable devra représenter 7 % de la consommation française en gaz.
Capacité de production de biométhane en France
On note également que l’arrêté du 24 avril 2016 relatif aux objectifs de développement des énergies renouvelables prévoyait un objectif, en termes de capacité de production globale de biométhane à injecter sur le réseau, de 1,7 TWh (1 700 GWh) pour l’année 2018. La capacité réellement atteinte en 2018 a été de 1,2 TWh, soit un résultat 28% plus bas que l’objectif fixé.
Attention à ne pas confondre capacité de production et quantité de biométhane réellement injectée dans le réseau.
Ce même arrêté fixe un objectif pour 2023 de 8 TWh (8 000 GWh) de capacité de production globale de biométhane à injecter sur le réseau, ce qui impliquerait de multiplier presque par 7 la capacité actuelle, en seulement 4 ou 5 années : un véritable challenge, qui fait aussi figure d’enjeu écologique !
Mais il faut savoir que de nombreux projets se trouvent chaque année en file d’attente en ce qui concerne la production de biométhane et que leur nombre ne cesse de croître : on en comptait ainsi 361 fin 2017, pour une capacité de production annuelle de 7 958 GWh (presque 8 TWh), et ils étaient 661 en décembre 2018, pour une capacité de production de 14 TWh par an.
Fin mars 2019, on comptait 759 projets en fille d’attente, dont la capacité de production avoisinait les 16 TWh par an. En fin de compte, l’objectif d’atteindre 8 TWh réellement injecté sur le réseau en 2023 ne semble pas si infaisable que cela !
Prix du biométhane
Toujours d’après le même article du Figaro, le prix actuel du rachat du mégawattheure (MWh) de biométhane est actuellement compris entre 90-95 €, et devrait baisser à 67 € en 2023 et 45 € en 2028.
À savoir :
1 TWh = 1 000 GWh
1 GWh = 1 000 MWh
1 MWh = 1 000 kWh
GRDF explique d’ailleurs que le biométhane n’est pas nécessairement plus cher que le gaz naturel pour le client final, puisque les prix sont fixés de manière autonome par chaque fournisseur.
Infographie récapitulative : les chiffres du biométhane
Source images : Unsplash