La blockchain suscite un intérêt croissant dans divers domaines, y compris dans celui de l’énergie. En France, cette technologie pourrait contribuer à une approche plus distribuée du marché, renforcer la transparence et faciliter certains échanges liés aux énergies renouvelables. Cet article aborde les usages possibles, les effets économiques, les enjeux réglementaires et les convergences technologiques impliquant la blockchain dans le secteur de l’énergie.
Applications de la blockchain dans le secteur énergétique
La structure distribuée de la blockchain propose une nouvelle façon d’envisager les modèles classiques de production et d’utilisation de l’énergie. Quelques exemples d’applications sont présentés ci-dessous :
- Modèle distribué et échanges entre particuliers : Grâce à elle, des particuliers devenant « prosumers » (producteurs et consommateurs) peuvent partager le surplus de leur production énergétique avec d’autres personnes, sans passer par des structures centrales. Le projet Sunchain en France en est un exemple, utilisant des contrats automatisés (smart contracts) pour faciliter ces transactions locales.
- Suivi de l’origine de l’énergie et labellisation : L’enregistrement infalsifiable des données permet d’authentifier la provenance d’une énergie renouvelable, renforçant la traçabilité environnementale et facilitant les mécanismes de labellisation.
- Regroupements d’autoconsommation : Plusieurs projets en France organisent la consommation collective locale d’électricité renouvelable, ce qui pourrait potentiellement réduire les pertes liées au transport et encourager la production de proximité.
Exemple terrain : Dans les Pyrénées-Orientales, le projet DAISEE pilote une organisation d’échanges solaires entre résidents via la blockchain. Cette expérimentation vise à améliorer l’indépendance énergétique locale tout en encourageant la coopération citoyenne dans la gestion des ressources.
A lire : Transition énergétique : Le rôle du C3IV dans l’adoption des énergies renouvelables
Effets économiques et efficacité de la blockchain
L’intégration de la blockchain dans le secteur énergétique peut présenter certains effets bénéfiques :
- Diminution des coûts liés aux intermédiaires : En simplifiant les interactions entre producteurs et consommateurs, les transactions deviennent parfois plus accessibles économiquement.
- Capacité d’adaptation : L’utilisation conjointe de la blockchain et des systèmes de réseaux locaux intelligents (smart grids et microgrids) peut contribuer à une meilleure adaptation aux fluctuations de la demande et de la production.
- Gestion des flux énergétiques : L’aspect automatisé facilite la coordination des flux électriques, ce qui pourrait jouer dans une consommation plus mesurée et structurée des ressources.
Critères | Systèmes traditionnels | Avec la blockchain |
---|---|---|
Coûts de transaction | Assez élevés (multiples acteurs impliqués) | Moins élevés (accès direct entre utilisateurs) |
Capacité d’adaptation | Relativement limitée | Améliorée via réponses automatisées |
Gestion environnementale | Souvent contraignante | Peut soutenir un modèle plus sobre |
Enjeux réglementaires et évolutions possibles
Malgré les possibilités qu’elle ouvre, la blockchain se confronte à une réglementation qui reste en grande partie pensée pour un système centralisé. Des ajustements pourraient être envisagés :
- Évolution du cadre légal : Il serait utile d’adapter certaines législations pour autoriser les échanges entre individus tout en s’assurant de la sécurité des transactions numériques.
- Reconnaitre les nouveaux rôles : Les producteurs-consommateurs et les plateformes basées sur la blockchain pourraient bénéficier d’une reconnaissance statutaire plus explicite afin qu’ils puissent s’inscrire durablement dans le paysage énergétique français.
Le « Clean Energy Package » de l’Union européenne envisage un système où les citoyens jouent un rôle plus actif dans la transition énergétique. Cette orientation générale pourrait faciliter l’intégration progressive de la blockchain sur le territoire français.
Convergence avec d’autres innovations technologiques
L’utilisation de la blockchain prend une signification particulière lorsqu’elle est associée à d’autres outils numériques comme l’intelligence artificielle ou les objets connectés. Ensemble, ils participent à la mise en place de réseaux énergétiques plus dynamiques :
- Analyse des données en continu : L’intelligence artificielle peut contribuer à ajuster la répartition et l’utilisation de l’énergie en interprétant les données collectées par des capteurs sur le terrain.
- Enregistrement et partage de l’information : Les capteurs connectés transmettent en temps réel des données sur les installations, rendues accessibles via la blockchain, ce qui favorise plus de transparence dans la gestion énergétique.
Cette association entre technologies permet de concevoir des infrastructures énergétiques régionales adaptables aux réalités locales, tout en appuyant la mutation vers des pratiques de consommation moins centralisées.
Il s’agit d’un dispositif permettant de stocker les transactions relatives à l’énergie de façon séparée des acteurs centraux. Cela permet de créer des échanges automatisés, où les utilisateurs ont une certaine autonomie tout en bénéficiant d’un environnement informatisé sécurisé.
Plusieurs éléments ont été identifiés : des coûts initiaux parfois importants, des textes réglementaires qui ne prennent pas encore en compte toutes les spécificités de cette technologie, ainsi que des préoccupations liées à la supervision des données personnelles.
Cela dépend des mécanismes utilisés. Certains protocoles impliquant une forte consommation de ressources (comme la preuve de travail) sont plus critiques. En revanche, d’autres (comme la preuve d’enjeu) sont jugés moins énergivores, surtout lorsqu’ils fonctionnent avec une production issue d’énergies renouvelables.
Si certaines conditions sont réunies—comme une volonté réglementaire et une interopérabilité entre différents outils numériques—la blockchain pourrait effectivement être intégrée plus largement. Toutefois, cela demanderait des ajustements organisationnels et techniques.
Dans l’état actuel des choses, la blockchain ne constitue pas une réponse immédiate à toutes les problématiques du marché de l’énergie, mais elle se présente comme un outil capable d’accompagner certaines transformations. Par une approche plus horizontale des échanges et une meilleure accessibilité des données, elle enrichit les discussions autour de l’avenir énergétique français. L’intégration devra néanmoins tenir compte des spécificités locales et s’adapter à des contextes réglementaires évolutifs. De cette manière, elle pourrait s’inscrire dans une démarche pragmatique de transformation énergétique progressive.
Sources de l’article
- https://www.senat.fr/rap/r17-584/r17-584_mono.html
- https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/a-premian-la-blockchain-au-service-dune-autoconsommation-partagee-1016504
- https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/les-blockchains-au-service-de-l-energie